“Papa, où t’es” au ciel ? – DéKaPé Copywriting

“Papa, où t’es” au ciel ?

Il y a des dates comme ça, des moments où l’on se sent fragile, le cœur blessé. Comme ce 25 octobre 2023, 40 ans après la mort de Papa.

Avide recherche

On cherche une épaule paternelle, mais on brasse du vent.

Le vent n’apporte pas que de la fraîcheur ou de la chaleur. Il apporte du vide parfois.

T’es pas là, Papa.

2008 : je suis le prochain sur la liste

Avril 2008, mon beau-père décède à 81 ans. Jamais un rhume durant sa longue vie. Ancien athlète, fort comme un roc, André part en quatre mois après trois maladies fulgurantes. Son médecin n’a jamais compris cet acharnement du sort.

Sidération à la maison. Le plancher s’écroule. Le toit aussi. L’ainé du clan disparaît.

Et moi, au cimetière, avec ma lettre d’adieu et mon piteux jeu de mots « Papy, toi qui disparais, y’a pas pis » (sic), je me dis, égoïste : « bordel, le prochain, c’est moi sur la liste ».

1983, putain de rupture

Quand leur papy est monté au ciel (comme je le leur ai expliqué), mes deux filles n’avaient pas encore 19 ans. J’étais trop jeune à 19 ans pour perdre mon père.

J’ai constaté que de nombreuses personnes dans mon entourage avaient vécu cela aussi.

Mon Kamiel (ou « Camille », à la francophone) à moi est parti un mardi, mort au travail, « Crushed by the wheels of industry » comme chantait le groupe new-wave Heaven 17 à la même époque.

Heaven, mon cul ouais.

Ce fut l’enfer sur Terre pour ma famille restée pétrifiée, encore aujourd’hui.

Autant la perte d’un parent après une longue maladie peut être douloureuse pour celles et ceux qui restent, autant le choc instantané d’un père nous laisse un goût acide, comme un citron pourri.

Amertume et incompréhension.

On ne saura jamais pourquoi tu as eu cette putain de rupture d’anévrisme, Papa. Tu n’as pas souffert, c’est tout ce que l’on sait.

La souffrance, ce chacal, a trouvé d’autres proies.

Pap’s (je me souviens, je t’appelais comme ça parfois, tu aimais bien), on t’attend tous ici.

Tu aurais eu 90 ans en 2023.

Mais, problème, tu es parti en 1983. Tu avais 50 ans à peine.

As-tu bien vécu, mon petit papa ?

Enfin, « petit » papa, je ne dirais pas. Tu étais le « pater familias » (pardon les jeunes, pour cette expression patriarcale de boomer).

Tu étais fier, grand, costaud, brillant, polyglotte.

Tu fus un mari amoureux et un père attentionné (bien que trop absent, déjà).

Conducteur infatigable, tu sillonnais la Belgique pour alimenter les disquaires des années d’or en vinyles.

Amoureux de ton travail, des Volvo aussi, tu en eus sept ( ?). Tu demandais tous les deux ans au garagiste de coller à l’arrière de ton bureau sur roues le chiffre correspondant au nombre de Volvo passées dans tes mains.

L’une d’entre elles t’a d’ailleurs sauvé la vie, au début des années 80. Elle disparut dans une perte totale. Toi, tu fus sauvé par la solidité de la marque suédoise (fin de la pub).

Tu fus un ami fidèle. Curieux de tous et de tout, tu étais un redoutable vendeur de disques, remportant un soir un quiz musical entre collègues consacré à la musique classique.

Tu fus un oncle protecteur et de bons conseils (« ne louez pas, disait-il à tous, soyez propriétaire »).

Frère aimant et efficace, tu participas, avec toute ta famille, à la construction du parc d’attractions Bobbejaanland de ton frère aîné, Bobbejaan Schoepen.

Si tu n’eus pas la gloire de ton frère Bobbejaan, tu fus le chouchou de tes frères et sœurs. Et cela me réchauffe le cœur.

Tu as conseillé ma maman pour l’ouverture de son magasin de disque, la Boite à disques.

boite à disques années 60

Mais toi, quels furent tes autres plaisirs de la vie, mon petit papa ? La musique, je viens de l’écrire, Perry Como, Elvis Presley et d’autres crooners encore, mais également la bonne chère, le petit verre, les balades, les longues siestes, le foot et la clope ?

Tu aimais fumer, papa ? Nous, on n’aimait pas ça. On n’a jamais su t’en dissuader. Quoi d’autre ? Je ne sais pas.

Que reste-t-il de l’amour pour mon petit papa ?

Quand j’approchais de mes 50 ans, je ne me sentais pas bien. Ma psy me dit lors d’une séance : « vous approchez du plafond de l’âge de la mort de votre père, c’est normal ». OK, alors.

Récemment, j’ai rassemblé des objets de mon petit papa. Pas de photos de lui ici, sauf une. Je les garde pour moi.

Je souhaite que cet article soit comme une marque supplémentaire du chagrin abyssal en moi, sans doute occulté de ma part, comme secondaire par rapport à celui de ma mère.

Tu es du signe du Lion, cela je sais. Mais tu es mort il y a tant d’années, un jour des années 80’, période dont tout le monde raffole. Sauf moi.

Je t’aime.

PS : lecteurs, lectrices, si vous avez encore votre petit papa, appelez-le pour lui dire que vous l’aimez. S’il n’est plus de ce monde, écrivez-lui une lettre. Ou pensez à lui. Même s’il a déconné. Le mien fut un gentil papa.

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2 thoughts on ““Papa, où t’es” au ciel ?

  1. Très belle biographie pour ce papa trop tôt disparu…
    Pour le mien, il nous a quittés en 1999, un 13 juin, un dimanche d’élection.
    Le 10 novembre prochain, il aurait eu 100 ans.
    Amitiés…
    Yvan et Dominique

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