Blogging : des écrits vains – DéKaPé Copywriting

Blogging : des écrits vains

En balade sur le web francophone, je tombe sur un blog intrigant sur des mots inventés formant des histoires quotidiennes. Séduit par un style inimitable et décalé, j’ai rencontré ce blogueur français.

Un lundi soir à Bruxelles. Nous nous sommes donné rendez-vous à l’entrée du Sheraton dans le quartier Nord. L’air est frais. Ludovic est à l’heure. Costume chic, rasé de près, en pleine forme malgré un agenda de ministre.

Nous traversons la ville via le piétonnier pour rejoindre un petit resto dans le quartier Saint-Géry, le cœur de Bruxelles. Je lui parle de ma ville. La bruxellisation, les vieilles façades, les souvenirs familiaux.

Ce blogueur adore Bruxelles. Il y a vécu un peu, voici 28 ans. Demain, il parlera affaires et stratégies de communication pour un très gros client institutionnel. Mais ce soir, je veux surtout en savoir plus sur sa technique de blogging.

Ludovic, sa vie, son boulot

Ludovic raconte sa vie. Il parle peu de sa vie privée. Divorcé, il est plus souvent dans les trains et les avions que chez lui. Ses enfants lui manquent parfois.

Quand il raconte son métier, il se découvre bien plus. Il travaille dans une grande agence de communication française. Les affaires vont bien, merci. Ses conseils en stratégie de communication sont appréciés par tous. Lui n’éprouve pas spécialement d’intérêt particulier pour ses clients. Il écoute, analyse, convainc, délègue puis passe à la caisse.

Il a bien quelques vieux clients qu’il garde par sympathie. La façon dont il raconte comment il a fait augmenter le chiffre d’affaires de 20 % d’un de ses clients est passionnante.

Je ne comprends pas comment Ludovic arrive à trouver le temps de travailler sur son blog. Et surtout pourquoi. Quand j’aborde enfin le sujet, Ludovic change d’attitude. Il répond par des réponses plus courtes. Un peu comme si je pénétrais dans son domaine privé.

Un article par jour

Il publie ainsi un article PAR JOUR ! Il part d’un néologisme et raconte une histoire fascinante et drôle. Sa langue est belle, son style est inédit. On apprend, on est séduit.

Comment procède-t-il ? Tous les soirs, il allume son ordinateur et écrit quelque quatre cents mots. Le lendemain, il relit une dernière fois et publie. Personne d’autre ne relit.

L’auteur passe par les réseaux sociaux, sans excès. Il utilise des techniques modernes, mais ce qu’il raconte aurait bien pu être raconté avant l’usage des ordinateurs. Old school. Comme son site, propre et dépouillé.

Dernière lettre. Photo Étienne Buyse.
Dernière lettre. Photo Étienne Buyse.

Car on n’écrit plus comme cela de nos jours. Ce n’est pas de la rédaction web, avec des titres calibrés au mot près, des balises h1, h2, h3. Pas de mot-clé, pas d’appel à l’action… Pas de mots en gras, pas d’hyperliens, non plus. Une hérésie… L’auteur poste une photo d’illustration, sans plus. Désuète, en phase avec le contenu du billet.

En lisant ces articles, on fait un saut dans le passé. Ludovic s’en moque. Pour lui, ce sont des « élucubrations ». Pour moi, ses bêtises sont écrites avec sérieux et talent.

Je lui demande si ses clients connaissent son blog. Il me dit que oui. Quelque part, cela l’aide, car ses textes font découvrir à ses contacts professionnels une autre partie de sa personnalité, moins sévère, plus humaine.

Il y a quelque chose qui cloche

Ludovic ne vend rien. Ludovic écrit pour qui alors ? Pour une quelconque gloire ? Pour lui-même ? Pour se prouver quelque chose ? Ludovic, le « tueur » au boulot, a-t-il un côté plus secret ?

Un article chaque jour. Frénésie suspecte.

Ludovic devine mon incompréhension, car mes questions sont de plus en plus précises et rapprochées. Comme si je grattais un vernis. Et touchais au but.

Il lâche, après s’être rapproché de moi :

« Philippe, j’écris pour une seule personne. Une femme. »

Il me raconte sa passion pour une Tunisienne. Il y a quelques années, ils ont vécu à Paris quelque chose de très fusionnel. Son « âme sœur » me dit-il. Son ‘autre’. L’amour de sa vie. L’amour d’une vie. Il savait où elle était sans qu’elle doive l’appeler. Et inversement. « Tu ne crois ou tu ne me crois pas, Philippe ». Une relation inouïe d’un an à peine. Las, sa Tunisienne a décidé de quitter la France pour rejoindre son mari à Tunis.

Depuis, Ludovic lui écrit. Tous les jours. Et des centaines de lecteurs l’ignorent. Sauf une lectrice. Sa brune tunisienne. Comment le sait-il ? Tous les jours, il note la présence d’un ‘clic’ depuis la Tunisie. Merci, la technologie WordPress.

Wordpresse - lectrice tunisie

Elle ne répond pas, ne fait aucun commentaire. Elle lit, c’est tout. L’auteur glisse chaque fois un message caché à son attention. Une anecdote commune, un souvenir…

Les femmes que l’auteur a connues depuis ont repéré le manège de ce blogueur étrange. L’intuition féminine, me souffle Ludovic, expert ès séduction et rédaction.

Nous nous quittons vers 22h30. Chemin à pied en sens inverse vers le Sheraton.

Nous nous serrons la main.

Ludovic doit encore relire son dossier pour le briefing du lendemain.

Et puis, il doit écrire à sa brune.

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